Le travail isolé est une situation qui concerne de nombreux travailleurs et secteurs d’activité. En France, il y aurait près de 3 millions de personnes dans des situations de travail isolé selon l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles).
Si tout salarié peut être exposé à des risques au travail, le travail isolé est de fait un facteur aggravant et une source de dangers.
Les spécificités du travail isolé en termes de sécurité nécessitent la mise en place de mesures et de dispositifs adaptés à ces activités. Mais pour mettre en place des actions de sécurité et de prévention, l’employeur doit analyser les différentes situations où un travailleur pourrait se retrouver en situation de travail isolé.
En effet, l’employeur doit s’assurer de la sécurité et de la santé de ses salariés au travail de manière générale, mais certaines obligations légales et mesures s’appliquent de façon spécifique au travail isolé. Une bonne compréhension des risques pour les travailleurs isolés est donc nécessaire.
Dans cet article, nous proposons d’expliquer différents éléments concernant le travail isolé :
– L’accidentologie au travail en France liée au travail isolé
– Les situations à risques et les dangers du travail isolé
– L’impact de l’isolement sur les conséquences d’un accident
– Les mesures à mettre en place pour faire face à ces dangers
Les chiffres des accidents du travail en France
En 2022, on a recensé en France 564 000 accidents du travail avec arrêt ou incapacité, dont 738 décès, selon le rapport annuel de l’Assurance Maladie – Risques Professionnels.
Le travail isolé représente une part importante des accidents graves ou mortels. En effet, 10% des accidents du travail qui ont entrainé un décès concernaient des travailleurs isolés selon l’INRS.
Par ailleurs, une enquête de la Caisse centrale de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) en 2019 recensait que plus de 40% des accidents du travail graves mais non mortels survenaient dans des cas où le travailleur était seul.
Le travail isolé nécessite donc une grande vigilance de la part des employeurs et des responsables HSE en raison des risques et dangers auxquels les travailleurs isolés font face. Il s’agit donc de comprendre comment identifier ces situations à risques et comment mettre en place des mesures de prévention adaptées.
Les situations à risques pour un salarié seul
Le travailleur isolé fait face à différents types de risques pendant ses activités :
– Les risques physiques directement liés aux tâches réalisées par le travailleur isolé (manutention, manipulation d’outils ou produits dangereux…)
– Les risques liés à l’environnement de travail (les conditions climatiques comme les fortes chaleurs ou le froid mais aussi présence de produits toxiques, de gaz…)
– Les risques médicaux (malaise), que l’isolement du travailleur peut aggraver car la prise en charge s’en trouve retardée
– Les risques liés à l’organisation du travail elle-même (absence de superviseur à proximité, intervention dans des lieux confinés etc.)
Revenons sur les différents types de risques auxquels les travailleurs sont confrontés :
Les risques physiques pour le travailleur isolé
Les risques physiques concernent aussi bien les travailleurs isolés que les autres. Néanmoins, comme pour les risques médicaux, les risques physiques peuvent être accentués chez un travailleur isolé. L’absence de collègues ou de superviseur à proximité pour alerter les secours en cas d’incident peut transformer un accident mineur en situation potentiellement grave.
Parmi les risques les plus courants, on trouve :
– les chutes : qui peuvent être assez fréquentes dans des environnements comme les chantiers de construction ou les travaux en hauteur ou sur des échafaudages
– les coupures et blessures auxquelles un travailleur isolé peut faire face, et ce, d’autant plus qu’il n’y a pas de supervision immédiate à proximité.
Les risques liés à l’environnement de travail
Au-delà des risques liés à l’activité réalisée, l’environnement de travail peut en soi être une source de dangers. En voici quelques exemples:
– les espaces confinés : le travail dans des silos, des cuves, ou des tunnels présente des risques d’asphyxie ou d’intoxication.
– le travail en hauteur : l’intervention sur des structures élevées comme des pylônes, des toits ou des échafaudages augmente le risque de chutes graves.
– les expositions à des substances dangereuses : le contact avec des produits chimiques ou des matières toxiques sans possibilité d’intervention rapide peut avoir des conséquences sévères.
– les conditions climatiques du lieu de travail : dans certaines industries, le travailleur peur faire face à des fortes chaleurs (comme dans la sidérurgie) ou au contraire des situations de températures basses, notamment dans les chambres froides dans l’agro-alimentaire.
– Les travailleurs isolés peuvent également dans certains environnements faire face à des risques d’agressions, notamment dans les secteurs du commerce ou des services
Les risques médicaux
Le travailleur isolé comme tout autre collaborateur peut faire face à des risques médicaux sur son lieu de travail. Il peut par exemple faire un AVC (accident cardio-vasculaire) ou une crise cardiaque. Le travail isolé accentue ces risques pour les salariés qui ne se trouvent pas à proximité directe d’autres collaborateurs capables d’alerter les secours en cas d’incident. Or dans de nombreux cas, le délai d’intervention est crucial pour la santé du travailleur. C’est pourquoi, ce risque est plus important pour le travailleur isolé que pour les autres collaborateurs.
Parmi les problèmes médicaux fréquents que l’on peut retrouver en entreprise, et dont les dommages peuvent être aggravés en cas de travail isolé, on a notamment :
– Les crises cardiaques qui, quand elles surviennent dans un contexte de travail isolé, peuvent être mortelles sans intervention rapide des secours
– Les arrêts cardio-vasculaires qui, comme une crise cardiaque, peuvent être fatals si l’assistance n’est pas rapide
– Un malaise peut aussi avoir des conséquences graves selon le milieu dans lequel se trouve le travailleur (présence de gaz toxique dans l’environnement ou conditions climatiques dangereuses…).
Des risques accrus pour les travailleurs isolés en cas d’incident
Le travail isolé nécessite une grande vigilance de la part des employeurs dans l’organisation de travail et les protocoles de sécurité mise en place. En effet, l’isolement est de fait une situation qui accentue les risques pour un travailleur et qui peut aggraver les conséquences d’un incident si la prise en charge est retardée.
Nous pouvons notamment mettre en avant quelques chiffres d’études scientifiques sur les effets du délai de prise en charge sur les conséquences d’un incident d’ordre médical :
– 15 min de délai supplémentaire fait perdre 1 mois d’espérance de vie dans le cas d’un accident vasculaire cérébral (AVC)
– 30mn de délai supplémentaire augmente de 7,5% le risque de mortalité à horizon d’un an dans le cas d’un infarctus du myocarde
– 50% de mortalité en moins si les soins intensifs commencent dans les premières heures dans le cas de brûlures aux 2e ou 3e degré
A cet égard, la mise en place d’un dispositif DATI performant est essentiel pour assurer la protection des travailleurs sur un site et garantir en cas d’incident des mesures adaptées et efficaces.
On peut aussi noter qu’une situation d’isolement est de fait une source de risques comme nous le montre les études menées par l’INRS. En effet, l’isolement peut contribuer à faire naitre chez le travailleur isolé des pratiques de travail dangereuses et à risques en l’absence de retour sur ses méthodes. En l’absence de personnel ou de superviseur à proximité, le salarié peut prendre des initiatives inadaptées ou inappropriées et se mettre en danger. Dès lors, certaines pratiques de sécurité peuvent ne pas être respectées sans que cela soit détecté.
Les mesures à mettre en place pour assurer la sécurité des travailleurs isolés
Évaluation des risques
La première étape pour assurer la protection des travailleurs isolés est une analyse approfondie des situations de travail où un salarié peut se retrouver seul. Un collaborateur n’a pas besoin que son isolement soit long ou habituel pour être considéré dans une situation de travail isolé. Une tâche réalisée seul, de quelques minutes seulement, peut suffire pour être qualifiée de travail isolé.
A cet égard, l’employeur doit prendre soin de recenser toutes les situations possibles d’isolement et à adapter son organisation de travail pour limiter ces cas. L’ensemble des situations et des risques identifiés doivent être consignés et recensé dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) de l’entreprise.
Mise en place de mesures adaptées à la prévention et à la sécurité des travailleurs isolés
Une fois les risques identifiés, les employeurs doivent mettre en place des mesures de prévention et de sécurité adapté à ce type de travail. Il est important d’insister sur le fait que ces mesures doivent permettre en premier lieu de prévenir les risques éventuels. Il s’agira de s’assurer qu’une action de prévention est prévue pour chaque risque identifié dans le DUERP.
Cette partie est absolument cruciale car l’isolement implique de facto des risques pour le travailleur. L’isolement est rarement perçu comme un facteur de risques en soi par les entreprises. Cette situation de travail seul est davantage perçue comme un facteur d’aggravation des dommages en cas d’incident et non comme la cause des risques. Cela conduit parfois à négliger les mesures de prévention au profit des actions de secours et d’alarmes en cas d’incident.
Ainsi la mise en place de mesure ne consiste pas seulement à mettre en place des systèmes qui détectent les accidents et alertent. Il s’agit également de faire en sorte de prévenir les incidents. C’est pourquoi SYSNAV a développé un DATI capable de détecter des situations à risques car nous sommes convaincus que le rôle d’un PTI est aussi d’anticiper les risques pour minimiser les conséquences et les dommages d’un incident.
Les mesures de prévention peuvent être :
-Une reconfiguration de l’espace de production
-Une réorganisation du travail
-La mise en place de dispositifs spécifiques pour la prévention ou l’alerte en cas d’incident comme les DATI ou les dispositifs homme mort.
A cet égard le DATI de SYSNAV est un bon compromis car il permet non seulement d’alerter en cas d’incident mais également de faire de la prévention via la détection de situation à risques (pour plus d’informations, voir la page PTI DATI de SYSNAV).
Formation et information des collaborateurs
Pour assurer l’efficacité des mesures mises en place, une communication claire et constante doit être menée par les équipes pour toucher l’ensemble des salariés. Il s’agit de revenir sur les risques associés à l’activité du site et sur les procédures de sécurité à appliquer en cas d’incident. Les risques spécifiques à l’isolement doivent être mis en avant dans ce cadre. Il faudra également que les employés soient formés aux outils et protocoles mis en place pour garantir la réactivité des équipes en cas de problème.
Conclusion sur la prévention des risques pour les travailleurs isolés
Le travail isolé nécessite une attention particulière de la part des responsables HSE et des dirigeants d’entreprises. En effet, ces conditions de travail en isolement peuvent aggraver les dommages et les conséquences d’un accident au-delà d’être une source de risques en tant que telle.
Une évaluation approfondie des risques est cruciale pour identifier et atténuer les dangers potentiels liés au travail isolé. Cette étape est non seulement une obligation légale dans de nombreux pays, mais aussi une pratique essentielle pour assurer la sécurité des travailleurs et le bon fonctionnement d’un site.
Pour plus d’informations sur notre DATI : La solution PTI de SYSNAV
Plus d’informations sur le travail isolé et les DATI
